ENQUÊTES ET SONDAGES

ENQUÊTES ET SONDAGES

ENQUÊTES & SONDAGES

On donne le nom d’enquête à toute étude ou recherche menée en vue de connaître des faits ou des opinions, à l’aide d’expériences techniques ou scientifiques, de consultations de documents, d’interviews ou d’interrogations par voie postale. Une enquête peut être entreprise à la demande d’autorités économiques, judiciaires, administratives, scientifiques, techniques; ou bien elle peut être lancée par un journal. Le terme de sondage désigne la technique permettant de dégager des conclusions pour un ensemble (appelé univers) à partir d’informations qui ne sont connues que pour un sous-ensemble de l’univers, appelé échantillon. Cette technique fait largement appel au calcul des probabilités; elle s’applique aussi bien au dépouillement d’une documentation administrative, à des enquêtes statistiques, à des expériences scientifiques ou techniques. On utilise les sondages, par exemple, pour des dépouillements de fichiers, pour des comptages de voitures sur les routes, pour des contrôles de fabrication, pour des contrôles fiscaux.

Mais le terme de sondage, surtout associé à celui d’enquête, désigne le plus souvent toute étude démographique, économique, sociologique, psychologique (notamment les études de marketing) menée lorsqu’on applique cette technique à des enquêtes statistiques auprès d’individus, de ménages, d’entreprises, de collectivités. Les sujets d’investigation peuvent être les plus divers: mouvement de la population, emploi, dépenses et ressources des ménages, éléments du niveau de vie, utilisation du temps, opinions politiques, attitudes morales, lorsqu’il s’agit d’enquêtes auprès des particuliers; taux de production, chiffres d’affaires, salaires versés, investissements, perspectives personnelles ou générales de développement, lorsqu’il s’agit d’enquêtes auprès des entreprises.

On peut examiner plusieurs aspects de cette technique: le mode de désignation de l’échantillon (plan de sondage); le mode d’interrogation des personnes choisies; l’extrapolation des données de l’échantillon à l’ensemble de l’univers (estimation) et la précision qu’on peut en attendre.

Il existe deux modes principaux de désignation de l’échantillon: le tirage au sort (on dit que l’échantillon est aléatoire) et les méthodes empiriques. Un échantillon aléatoire est, en général, mieux adapté à de bonnes estimations de données factuelles précises (état de la population, dépenses, ressources, production...). Pour cette méthode, il faut disposer d’une base de sondage, c’est-à-dire, normalement, d’une liste de toutes les unités de l’univers. On peut éventuellement se contenter d’une liste d’unités de sondage plus grandes que les unités interrogées, à condition de veiller à ce qu’au cours de l’enquête les unités statistiques appartenant à une unité de sondage donnée de l’échantillon soient bien dénombrées. Ainsi, l’I.N.S.E.E. dispose, pour ses enquêtes par sondage auprès des particuliers, de listes de logements; on tire des logements échantillons et les enquêteurs y dénombrent, au moment de l’enquête, la totalité des personnes qui y résident; l’enquête peut porter sur une, sur plusieurs ou sur la totalité des personnes ainsi dénombrées dans un logement, chaque personne soumise à l’enquête ayant une probabilité connue d’être tirée au sort. Le choix de l’échantillon peut être amélioré par le classement des unités de sondage en groupes aussi homogènes que possible (appelés strates) et par le fait d’effectuer séparément le tirage au sort dans chaque strate. Cette technique de la stratification s’impose lorsque les unités de sondage sont de tailles très différentes (dans le cas des entreprises industrielles, par exemple).

Afin de limiter les déplacements des enquêteurs, l’échantillon est souvent «tiré» à plusieurs degrés; dans le cas du sondage à deux degrés, on tire, par exemple, d’abord des communes ou des agglomérations (appelées unités primaires), puis, à l’intérieur des unités primaires échantillons, on tire des individus, des ménages ou des entreprises (unités secondaires). Le tirage à plusieurs degrés réduit le coût du sondage, mais augmente la marge d’erreur en matière d’échantillonnage. Il arrive que des personnes (physiques ou morales) soumises à une enquête statistique ne puissent ou ne veuillent pas y répondre, ce qui déforme l’échantillon; lorsque de tels cas sont nombreux, celui-ci s’apparente à un échantillon empirique.

Parmi les diverses méthodes empiriques d’échantillonnage, celle des quotas est la plus connue; le choix des personnes à interroger est alors laissé aux enquêteurs; on leur demande, en revanche, de respecter, pour leur échantillon, certaines répartitions par classes (par exemple, celles du sexe, de l’âge, de la catégorie d’habitat, du milieu social); ces répartitions correspondent à des ventilations connues par ailleurs (recensement). Les variables contrôlées (ou quotas) doivent être faciles à observer et être en corrélation aussi étroite que possible avec les variables étudiées. La méthode des quotas est peu coûteuse, adaptée à des enquêtes de type varié (y compris pour les sujets plus délicats). En revanche, elle repose sur l’hypothèse qu’il n’y a aucune corrélation entre les variables étudiées et la probabilité d’être sollicité par les enquêteurs; or, l’expérience prouve que les enquêteurs ont tendance à interroger des personnes trop ouvertes sur l’extérieur et trop proches d’eux.

Le mode d’interrogation des personnes désignées peut être la voie postale ou l’interview; on demande parfois aux personnes interrogées un effort personnel plus ou moins important (recherche et utilisation de documents, remplissage d’un carnet de comptes, etc.). Ces méthodes peuvent se combiner entre elles: ainsi, dans le cas des enquêtes sur les budgets familiaux dans les pays industrialisés, on utilise simultanément la technique de l’interview et celle du carnet de comptes.

La formulation des questions revêt une grande importance, non seulement pour des enquêtes d’opinion, mais même pour des enquêtes factuelles. On doit éviter de poser des questions trop longues, trop complexes ou trop vagues, d’user de mots savants, techniques, abstraits, imprécis ou prenant des sens différents selon les milieux. En ce qui concerne l’étude des flux (par exemple, les dépenses) se pose le problème de la période de référence: si elle est trop longue, les erreurs d’observation (oublis d’événements ou erreurs sur leur date) et les refus sont nombreux; si elle est trop courte, l’erreur aléatoire est forte; d’autre part, l’échantillonnage dans le temps est délicat pour les flux présentant un caractère saisonnier très marqué.

Lorsqu’il s’agit d’extrapoler les données de l’échantillon à l’ensemble de l’univers, les estimateurs employés sont plus ou moins simples selon la complexité du plan de sondage. Un bon estimateur doit être, si possible, non biaisé — son espérance mathématique doit être égale à la grandeur mesurée — et de faible variance.

On emploie parfois, pour estimer une même grandeur à partir de la même enquête, plusieurs estimateurs différents, par les variables prises en compte pour redresser l’échantillon ou faisant appel à des informations extérieures au sondage (c’est le cas, par exemple, des méthodes d’estimation par le quotient ou par la régression).

Encyclopédie Universelle. 2012.